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Utilisations du laser thérapeutique

Le laser, un outil polyvalent

Je suis équipée d’un laser thérapeutique de classe 4 (le LaserPen de la marque Allemande R&J Laser). Cette catégorie de laser indique une puissance suffisante pour obtenir les effets recherchés de photobiomodulation, sans chauffer la zone traitée ni détruire de cellules (donc rien à voir avec un laser d’épilation ou un laser chirurgical !). En tant qu’outil thérapeutique, son utilisation sur les animaux en France est réservée aux vétérinaires. Cet article présente les utilisations possibles du laser chez le cheval, le chien et le chat. Pour les plus curieux(ses) qui iront jusqu’en bas de page, vous y trouverez également des éléments de compréhension de son mécanisme de fonctionnement & des articles scientifiques* étudiant son efficacité.

Le laser en Physiothérapie

Plusieurs études* ont permis de montrer que l’utilisation du laser de classe 4 :

  • Augmente le métabolisme cellulaire de la zone traitée
  • A un effet anti-inflammatoire
  • A un effet anti-oedémateux et drainant sur le système lymphatique
  • A un effet décontractant musculaire
  • Aurait un effet analgésique propre c’est-à-dire réduirait la sensation douloureuse par action neurologique. Certaines études ont des résultats significatifs, d’autres non, d’où la controverse. Mais avoir des propriétés anti-inflammatoires suffit à traiter de nombreuses douleurs dites « mineures » comme une contracture musculaire et les premiers stades d’arthrose.
  • A un effet pro-cicatrisant sur tous types de tissus : peau, muscle, tendon, ligament, et même os, cartilage et nerf ! La cicatrisation est accélérée et la qualité du tissu cicatriciel améliorée (pour les tendons certaines études ont montré une amélioration à l’échographie et en histologie donc à l’échelle microscopique)

Par conséquent les indications sont très nombreuses ! Dans ma pratique de la physiothérapie, la laserthérapie est utilisée :

  • Pour aider à la cicatrisation de blessure (tendinite, entorse, déchirure musculaire, fracture, plaies de toute nature…)
  • Pour aider à la récupération neurologique (hernie discale, parésie/paralysie, traumatisme vertébral ou sur le trajet d’un nerf, spondylose…)
  • Pour réduire une inflammation articulaire et/ou des douleurs arthrosiques (arthrose précoce chez l’animal sportif ou secondaire à un traumatisme / une malformation, ou arthrose installée chez l’animal vieillissant)
  • Pour aider à réduire un œdème persistant ou une lymphangite
  • Pour soulager et décontracter un muscle qui n’a pas répondu aux massages et étirements (en cherchant également la cause de cette difficulté !)

Dans la plupart de ces indications, l’efficacité de la prise en charge peut encore être améliorée grâce au recours simultané à l’acupuncture.

Photo de laserthérapie laserpuncture sur un chien

Le laser en Acupuncture

En acupuncture, l’insertion d’une aiguille sur un point précis permet de rétablir l’équilibre inter-cellulaire du ou des tissu(s) ciblé(s) afin qu’il(s) puisse(nt) fonctionner de manière optimale. Or il a été montré* que la stimulation d’un point d’acupuncture par un faisceau infra-rouge d’énergie suffisante (ce que peut faire un laser de classe 4 correctement réglé) permet également de modifier cet équilibre inter-cellulaire, en agissant comme une aiguille sur les échanges trans-membranaires et les équilibres ioniques.

L’utilisation du laser au lieu d’aiguilles s’appelle la laserpuncture et permet de bénéficier des effets de l’acupuncture sans avoir à traverser la peau (bien pratique sur des animaux très sensibles ou sur des points dont la puncture est difficile ou déconseillée à cause de la proximité d’artère ou de structure nerveuse fragile). L’effet recherché est souvent obtenu plus rapidement et parfois plus fortement, mais est généralement moins durable qu’avec des aiguilles.

Je propose généralement de combiner laserthérapie et acupuncture ou laserpuncture lors de mes séances, car toutes les indications de la laserthérapie sont également des indications possibles de l’acupuncture. L’objectif est d’avoir un effet plus rapide, durable et complet qu’avec la laserthérapie seule.

Lors d’une séance d’acupuncture, il m’arrive d’utiliser le laser pour stimuler un ou des point(s) « difficile(s) », ou lorsque mon patient tolère mal l’application d’aiguilles (ce qui est très rare !).

J’en profite pour rappeler que l’individualisation de la prise en charge est à mon sens indispensable : c’est seulement après discussion avec vous et examen de votre animal que je pourrai vous conseiller sur les soins qui lui seront les plus bénéfiques, selon le but recherché.

Les effets tissulaires du laser

L’efficacité du laser est d’autant plus impressionnante qu’on a souvent l’impression « qu’il ne se passe rien » lorsqu’on regarde une séance de laserthérapie ! En effet, l’outil est simplement déplacé en balayage de la peau en regard du site lésionnel (ou du point d’acupuncture), et l’émission du faisceau lumineux est invisible à l’œil nu (notre œil ne détectant pas l’infra-rouge… contrairement aux optiques de nos smartphones !). C’est parfaitement indolore, donc dans la grande majorité des cas l’animal ne bouge pas voire se détend lorsqu’on travaille sur une contracture musculaire. Une sensation de fourmillements a parfois été rapportée chez l’humain lors d’une stimulation longue et focale (c’est-à-dire très ciblée), et est donc probable aussi chez l’animal, expliquant que certains cherchent à se décaler en cours de séance. Mais même si rien n’est directement visible, il s’en passe des choses !

On parle de photobiomodulation : l’énergie véhiculée par le faisceau laser (énergie photonique et électromagnétique, donc c’est bien une énergie au sens physique, il n’est pas question ici du Qi chinois ou de l’ostéopathie énergétique !) est absorbée par certaines molécules, ce qui module le métabolisme de la cellule à laquelle elles appartiennent. C’est ce qui se passe pour les plantes avec la photosynthèse : l’absorption de l’énergie lumineuse par la chlorophylle permet à la cellule, et donc à l’organisme, d’obtenir des éléments utilisables pour ses propres besoins énergétiques.

Chez les Mammifères, pas de chlorophylle, mais plusieurs molécules sont sensibles à l’énergie lumineuse : la plus connue est l’hémoglobine, pigment de nos globules rouges, mais les plus intéressantes ici sont la cytochrome oxydase présente dans nos mitochondries (les « centrales énergétiques » de nos cellules) et divers chromophores présentes dans les membranes cellulaires. Globalement, l’absorption de l’énergie du faisceau laser va influencer le métabolisme cellulaire, ce qui a des conséquences variables selon le type de tissu :

  • Les parois vasculaires vont se relâcher : vasodilatation locale augmentant l’afflux sanguin dans la zone traitée. Cela permet une meilleure oxygénation du tissu et globalement l’augmentation de l’apport en éléments nutritifs, tout en favorisant l’évacuation des déchets métaboliques (dont les « toxines »). Cela permet donc de lutter contre des phénomènes d’ischémie et de stress oxydatif.
  • Les muscles vont également se relâcher : les mitochondries des fibres musculaires produisent plus d’ATP lorsqu’elles sont « photostimulées », or l’ATP est nécessaire à la libération des ponts actine-myosine permettant au muscle de passer d’un état contracté à un état relâché.
  • Les tissus conjonctifs vont développer davantage de fibroblastes qui sont précurseurs du collagène (trame moléculaire de la peau, des tendons et ligaments, des os…), et leur population de macrophages ainsi que leur angiogénèse (développement de nouveaux vaisseaux sanguins) vont augmenter ce qui participe à l’action pro-cicatrisante.
  • Les cellules sanguines qui sécrètent des cytokines (petites molécules très variées, à action locale ou à distance, qui sont actrices et régulatrices de tous les processus inflammatoires de l’organisme) vont voir leur métabolisme orienté vers la production de médiateurs anti-inflammatoires et pro-cicatrisants. Cela participe bien sûr à l’action anti-inflammatoire du laser, et à son effet anti-oedémateux et anti-douleur (certaines cytokines pro-inflammatoires participent au déclenchement et à l’entretien de la sensation douloureuse).
  • La « photostimulation » des nerfs va favoriser la production d’endorphines (« molécules du bien-être », participant à la réduction de la sensation douloureuse), permettre de réduire les impulsions neuronales impliquées dans les douleurs neuropathiques, et d’abaisser la sensibilité des nocicepteurs (récepteurs nerveux chargés de prévenir le cerveau de la présence d’un stimulus douloureux).

Les réglages de l’appareil laser (longueur d’onde, énergie délivrée, durée d’application, émission continue ou discontinue…) permettent de cibler davantage un type de tissu et/ou une action. Les effets produits par la photobiostimulation ne sont pas rémanents (ils ne persistent pas par eux-mêmes dans l’organisme au-delà de quelques jours maximum), plusieurs séances sont donc souvent nécessaires pour obtenir un résultat visible.


*Exemples de publications scientifiques vétérinaires relatant l’efficacité du laser en laserthérapie et laserpuncture :

– Réduction du délai de retour de la capacité à marcher chez des chiens après chirurgie de myélopathie Th3-L3 secondaire à une hernie discale :

Low-level laser therapy reduces time to ambulation in dogs after hemilaminectomy: a preliminary study, Draper et al., 2012

Amélioration clinique et échographique de tendinopathie et/ou desmopathie de chevaux de sport et de course avec laserthérapie, comparé à des lésions similaires chez des chevaux non traités

Effects of High Intensity Laser Therapy in the Treatment of Tendon and Ligament Injuries in Performance Horses study, Zielin ́ska et al., 2020

Using Short Term of High Power Laser Therapy in Horse’s Tendon Injuries, Jaafar et al., 2020

Amélioration de l’aspect échographique et en IRM de lésions standardisées des branches du ligament suspenseur du boulet chez 12 chevaux de selle, chaque cheval ayant la moitié des lésions traitées en laserthérapie :

High-Power Laser Therapy Improves Healing of the Equine Suspensory Branch in a Standardized Lesion Model, Pluim et al., 2020

– Présentation de cas de tendinopathies et desmopathies équines traitées par laserthérapie et lasepuncture : Treatment of 29 Cases of Acute and Chronic Equine Tendonitis with Local Laser Therapy and Laser Acupuncture, Uwe Peterman, 2016

– Gestion de plaies chirurgicale ou traumatiques à cicatrisation difficile par laserthérapie et laserpuncture chez des chevaux et des chiens : Combination of Laser Acupuncture and Low Level Laser Therapy for Treatment of Non-healing and Infected Wounds, Uwe Peterman, 2015